Intervention de Jean-Yves TOINARD
Ce Samedi1er février, le Syndicat d’Apiculture de l’Ain a reçuà Bourg en BresseJean-Yves TOINARD, apiculteur professionnel de Saône et Loire, pour une conférence d’environ 2 heures sur sa méthode biotechnique pour gérer le varroa et profiter de miellées tardives. Cette conférence était organisée par la section apicolede Bourg-en-Bresse, avec le soutien du syndicatd’Apiculture de l’Ain, et a pu bénéficier à 84personnes, adhérentes de l’ensemble du syndicat ouinvitées.
L’après-midi a commencé par un mot de bienvenue de notre président du syndicat Bernard Saint-Genis et du président de section Brahim Yerrou, nous rappelant la date de la prochaine AG le 23 février 2025.
Jean-Yves Toinard est apiculteur professionnel depuis 25 ans, avec 500 ruches. Son travail a fait l’objet d’un article en collaboration avec Valérie Breton Vétérinaire et Rédactrice en chef de « la santé de l’abeille » de mai-juin 2024. Il travaille en vente directe et ne pratique pas de vente en vrac. Il souligne l’importance du dialogue entre apiculteurs professionnels, semi-professionnels, amateurs et agriculteurs. Au lieu d’un conflit de concurrence, il parle de partage et d’enrichissement possible. Nous pouvons tous faire des choix pouvant aller à l’encontre de la biodiversité ou de son voisin sans en être pleinement conscient.
Il alerte également tout apiculteur à bien analyser ses propres pratiques, savoir s’adapter aux changements techniques en cours, climat, état sanitaire de ses ruches, année difficile de ressource mellifère.
Son défi est de contribuer à la santé de l’abeille, sans négligé le rendement en miel des ruches.
Il travaille avec une abeille Carnica d’origine Suisse. Elle est locale, plus résistante aux hivers tardifs que la Buckfast, mais plus essaimeuse.
Par le passé, pour lutter contre le varroa, il a traité à l’Apivar et à l’Apistan. Réalisant que sa pratique était polluante et importait des molécules dans la ruche, il a choisi des essais techniques en Bio et mis en place une conversion en bio depuis 2 ans. Dans ce contexte, il a développé et mis en pratique une technique particulière afin de prouver une lutte contre le varroa respectant les AMM lors des visites de contrôles. Il s’agit d’une technique pour « assainir les ruches » avec manipulation naturelle en isolant la reine dans un essaim sans couvain.
Dans sa gestion de ruches au printemps, Jean-Yves Toinard ne pratique pas de nourrissement de démarrage (nourrissement à l’automne seulement). Il serre le couvain de ses colonies sur 5 cadres entre 2 partitions chaudes (méthode de Marc Guillemin et Damien Merit)puis l’ajout de nouvelles cires avec le développement de la colonie etderrière la partition des cadres bâti) c’est le moment de mettre en place une hausse sur une grille à reine.
Sans intervention, les colonies sont vite une usine à varroa de mai à mi-juillet et on observe alors une dégringolade de la santé de la ruche. Dès la fin des miellés, attention à bien fermer les portes d’entrée et de ne laisser 1,2 ou 3 passages pour les abeilles maximum sur les petites colonies et sur les colonies infester de varroa
Une part importante de l’activité de Jean-Yves Toinard est le miel de sapin qui impose d’avoir de bonnes ruches entre fin juin et fin juillet, sans varroa. Il a choisi d’intervenir mi-mai pour couper le cycle du varroa, au moment de l’acacia. Sa méthode s’étale sur 30 jours et est pratiquée sur les ruchers qui vont partir pour la miellé de sapin :
J0 : Division
1 - Préparer une ruchette à laisser à côté de la ruche ou à déplacer de 3 km et y mettre : la reine, 2 cadres de provision, 2 cadres bâtis vide, des abeilles (les butineuses risquent de retourner vers la ruche) et 1 partition chaude. Pour cette ruchette, une nouvelle saison démarre et la reine se met à pondre immédiatement.
1b - Traiter la ruchette à l’acide oxalique pur (AO) par dégouttement. (Api-Bioxal)
- - La ruche reste en place, sans reine, en générale avec 6 cadres de couvain, 1 partition, 1 grille à reine et une hausse, c’est la fin de la miellé d’acacia
J8 : Casser les cellules
2b - Casser les cellules de reine, resserrer en plaçant la nourriture derrière la partition. Il n’y a plus de couvain à nourrir donc les abeilles font des réserves.
J17 : Introduction de cellule et traitement
2c - Retirer les hausses et traiter à l’AO. Les colonies sont souvent agressives à ce stade.
2d - Mettre en place les cellules royales avec protège cellule.
J19 : Vérifier la naissance des reines
J30 : Contrôle et traitement
- - Contrôler la ponte,
- - 2ème traitement à l’AO. Les ruches sont prêtes à partir sur le sapin.
Cette méthode permet d’aller sur les miellées tardives de sapin et d’obtenir de belles abeilles d’hiver en octobre. Si ses colonies ne sont pas exposées à la ré-infestation (transhumance, ruches voisines), Jean-Yves Toinard ne pratique pas de traitement complémentaire avant l’hiver sur les colonies qui ont subi cette méthode. Un comptage est à faire.
Le syndicat rappelle que les apiculteurs de la région peuvent venir chercher des cellules de reine au rucher de Saint-Etienne du Bois en saison.
Une alternative est de procéder à un remérage naturel en laissant une seule cellule, mais attention à la manipulation des cadres avec des cellules royales fermées qui sont fragiles.
Pour les traitements, le docteur Patrick Paubel, nous informe de la récente validation par AMM des lanières glycérinées à l’AO (CalistripBiox) qui ne seront pas disponibles avant la fin d’année.
Un long échange de question / réponse très riche a eu lieu et l’intervention a été clôturée par un pot de l’amitié.
Michel Guyot, trésorier du GASA 01, a vendu des pièges à frelon à l’issue de la conférence.