Cellule de crise

Depuis longtemps déjà, elles vivaient ces fléaux,
La reine le décida, c’est mourir ou partir,
Vite, elle convoqua les États Généraux,
Sur le motif qu’il faut la vérité leur dire.

Une fois réunie, dans un silence de mort,
Pour choisir son destin, ne pas subir son sort,
Au milieu de la ruche, la très Haute Assemblée
Comprenait dans ses rangs tous les corps de métier.

Les Nourrices, les Cirières, et même les Ventileuses,
Nettoyeuses, Gardiennes, beaucoup de Butineuses
Qui travaillaient ensemble dans un but pacifique,
Polliniser les fleurs, quelle mission magnifique !

Toute la gent féminine était représentée,
Sauf les mâles inutiles se croyant occupés
A la préparation d’une action nécessaire,
Pour un rêve d’amour, vers des lieux moins précaires.

On respecta d’abord une minute de silence,
Honneur aux disparues, nombreuses par leur absence.
Tout le monde le sait, ce sont les Pesticides,
Et parmi eux, les Néonicotinoïdes

Qui ont désorienté, conduisant à leur perte,
Nos chères butineuses oubliant l’herbe verte,
Et confondant les fleurs, sans sentir le nectar,
Pour finir mourantes quand il était trop tard.

On aborda ensuite le sujet maléfique:
Le vil envahisseur, le Frelon Asiatique.
Ils harcèlent notre race, dit la Reine bien honteuse
Et massacrent violemment nos meilleures travailleuses.

Nos gardiennes compétentes ne contiennent la ruée
De ces monstres jaunes et noirs qui viennent à la curée.
Venus de nulle part, ils proviennent de l’Asie ?
Nos cousins ? Dit Linné, dans sa taxonomie ?

Alors, poursuivre ainsi ne me dit rien qui vaille,
Dit une butineuse: Il faut que l’on s’en aille!
La reine fatiguée lui répond: Je suis prête
Pour un très long voyage, il faut que ça s’arrête.

La décision fut prise et elle est la plus sage.
Tout le monde au travail, on prépare l’essaimage.
Des éclaireuses sortent reconnaître le terrain,
Pour, à la colonie, bien montrer le chemin.

Puis un jour décidé, dans un bruit infernal
Volent vers leur destin, n’ayant plus le moral,
Elles quittent la maison, bourdonnant vers le ciel
Les premières arrivées battent déjà le rappel.

Toutes bien à l’écoute autour de leur vieille Reine,
Celle-ci leur annonce qu’elle a beaucoup de peine
Et que ce sont les hommes qui sont les responsables
De cette situation devenue lamentable.

Car capables de tout, eux qui se nomment ‘sapiens’
C’est incompréhensible, et c’est là que ça coince,
Il peuvent nous soigner grâce au Fluvalinate
Et nous assassiner avec le Glyphosate.

Il faut garder espoir, les jeunes générations
Veulent d’un autre monde pour sauver la nation.
Retournez au travail, moi je retourne pondre,
La dépopulation, il faut bien y répondre.

Patrick Paubel 19 Mai 2022