Lutte contre le frelon asiatique

Pour la région Auvergne-Rhône-Alpes, sa présence est maintenant avérée dans l'ensemble des départements.

Un dispositif de surveillance et de lutte, piloté par la FRGDS (Fédération Régionale des Groupements de Défense Sanitaire), en partenariat avec la FREDON (Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles), vise à repérer et faire détruire les nids par des entreprises spécialisées avant la sortie des fondatrices, afin de maintenir la population de frelons asiatiques à un niveau acceptable.

A ce titre, toute personne suspectant la présence d’un frelon asiatique sur une zone est invitée à en faire le signalement sur le site de la FRGDS.

Contribution aux méthodes de recherche de nids

Par Georges PICOT, Apiculteur et animateur départemental de "Ensemble contre le frelon asiatique"  GASA-GDS01 (AIN). Avec la participation de Pascal Binon GDSA07.

Recherche d’une direction

A partir d’une zone de prédation ou de butinage du frelon asiatique. (Ex : fleurs de bignone, arbre fruitier, rucher).

Ne pas éliminer les frelons asiatiques en faible nombre : Ils sont nécessaires à la recherche donc supporter leur prédation car ils sont souvent peu nombreux à fréquenter une cible. (même si le nid est proche).

Observer : Il est difficile de suivre un frelon ayant capturé une abeille car il va se percher à faible distance pour la découper et ne conserver que le thorax. Ce n’est qu’ensuite qu’il prendra son vol vers le nid.

Appâter : Pour plus de facilité il faut nourrir les frelons asiatiques avec une matière sucrée. S’étant gavé il repartira directement vers son nid. L’appât peut être du miel cristallisé déposé dans une assiette. Posé sur une ruche cet appât sera dévalisé par les abeilles, on lui préfèrera un mélange homogène de fruit bien mûr avec autant de sucre (poire blette, pèche, figue par ex). Attention à proposer un produit bien ferme afin que l’insecte ne se mouille pas. Il se percherait alors pour se nettoyer longtemps.

On obtient alors des vols vers le nid (Plusieurs directions peuvent indiquer plusieurs nids). C’est un pas important de franchi.

Suivre la ligne de vol : En terrain accidenté (arbres, maisons) le frelon asiatique qui répugne à prendre de l’altitude, peut contourner les obstacles ou profiter d’un abri qui le protège du vent. Il peut être alors nécessaire de relancer la recherche en relâchant un frelon asiatique de lieu en lieu. Attention à ne pas s’écarter du trajet constaté : si on s’en éloigne l’insecte devra s’orienter, il entamera une série de cercles de plus en plus larges jusqu’à ce qu’il se trouve en terrain connu. Il y a de grandes chances qu’il n’ait pas fini de tourner au moment où on le perd de vue et on part sur de fausses pistes.

Capturer les frelons asiatiques : Utiliser de petites bouteilles genre bouteilles d’eau de 25cl pour coiffer l’insecte lorsqu’il consomme l’appât. Piégé il s’élève alors dans la bouteille et il est très facile alors de la soulever sans la retourner pour la boucher sans risque. La même technique peut permettre de capturer le frelon à partir du butinage (facile dans une fleur de bignone).

Précautions : La bouteille doit être bien sèche, sinon en sortant le frelon se posera pour se nettoyer. Ne mettre qu’un frelon asiatique par bouteille, à deux ils dégagent de la vapeur d’eau et alourdis par cette humidité ils ne pourront pas voler. Pour assurer le départ vers le nid mettre une trace de miel bien dur dans le bouchon. Sa charge complétée il rentrera à la maison.

Trianguler et cartographier : Reporter la direction obtenue sur une carte détaillée (carte d’état-major au 25.000° par ex)
Il est intéressant alors d’obtenir d’autres lignes de vol dont le croisement sur la carte indiquera la position du nid. Comme indiqué précédemment ne pas déplacer les frelons hors de leur ligne de vol. Utiliser d’autres spots déjà fréquentés dans les environs proches. Pour cela de mettre en éveil les voisins apiculteurs ou pas. En général il vous faudra choisir d’autres places entre 50 et 100m pour appâter encore sur un support un peu élevé comme précédemment. Patience il peut falloir deux jours pour que d’autres frelons du nid fréquentent cette nouvelle cible. Il peut être utile alors d’utiliser une boite à appât pour se mettre à l’abri des précipitations.

Boite à appâts : Vous pouvez réaliser avec trois chutes de contreplaqué un U . Un coté servira de base, le second de dos et le troisième de toit. il peut être renforcé par un tasseau placé à l’avant. Dans le dos deux vis serviront à le fixer sur un piquet ou un jeune arbre bien dégagé. La coupelle pour l’appât peut être collée sur la base.

Evaluer la distance du nid

Pour ce faire il va falloir chronométrer le temps d’aller et retour au nid.

Marquer les frelons asiatiques : Faire tomber l’insecte dans un piston de marquage en abouchant la bouteille et le piston (bouteille ouverte renversée le frelon ne descend pas. On place alors le cylindre du piston sous la bouteille et on secoue. Renverser le dispositif puis bouteille vers le bas on la remplace par le poussoir. (Agir promptement). Ensuite marquer le frelon asiatique sur le thorax comme les reines. On peut utiliser plusieurs couleurs, pour diversifier encore on peut marquer l’abdomen, combiner les couleurs, faire des points ou des traits… ou avec un posca le marquer délicatement pendant qu’il se gave.

Chronométrer : En relâchant alors les frelons marqués il faut surveiller l’appât ou on les a capturés. Ils vont reprendre leurs rotations. Il faut marquer la couleur et le temps d’aller au nid et retour. Sur des distances très courtes on a pu constater que le temps au nid est négligeable, l’échange avec les congénères doit être très bref. On ne dispose pas encore d’un abaque bien solide. Il serait bon de communiquer vos expériences pour renforcer la méthode. Un ordre d’idée : 1 à 2 minutes = moins de 100m, 3 à 6 min = moins de 500m, 6 à 9 min = moins de 800m. C’est encore peu fiable, à améliorer. Cependant tel quel ce peut être précieux pour circonscrire la zone de recherche. Des variations sont possibles en fonction du relief, des obstacles, du vent au sol.

graphique g picotOu
Ils restent très peu au nid (30’’). Ce temps est à diviser en 2 (aller / retour). On sait qu’un frelon vole en moyenne à 20 km/h.
20 000 m / 3600 s = 5,55 M/S soit 5,55 x 60 = 333 m /Minute environ.

Autre approche : Si vous disposez de lierre en fleurs très fréquenté par les insectes divers, il se peut que les frelons asiatiques soient de la partie en grand nombre. Alors pointez-vous à la fraiche pour les voir arriver, vous obtiendrez des vols directs depuis le nid.

Partir à la recherche du nid

Il n’est pas rentable de partir le nez en l’air pour chercher le nid avant d’avoir accompli ce qui précède. Avec ces embryons de méthodes on peut arriver à déterminer dans quel arbre très fourni le nid se trouve et ne pas le voir du tout par en dessous ni de côté (ex chêne bien développé garni de lierre).

Il faut connaître ce que l’on recherche : Il semblerait que les frelons utilisent beaucoup la chaleur du soleil pour le développement du couvain. Ainsi le nid est systématiquement bien exposé. On le trouvera tout à la cime de l’arbre. Alors il est facile de le repérer de loin dans les arbres isolés ou dans une rangée d’arbres. Mais ce n’est pas performant de se placer au pied, mieux vaut se mettre à distance 100m ou plus et utiliser des bonnes jumelles.

Une fois le secteur de recherche défini préférer la fin de journée pour faire l’opération : La couleur du nid est importante : couleur beige avec des veines plus chaudes (oranges et brunes) le soleil du soir rasant et bien jaune fait ressortir le nid comme doré.

Aborder les bois touffus par leur lisière sud et ouest bien ensoleillés, négliger le côté nord

Le nid n’est pas forcément dans les premiers rangs d’arbres, de loin avec les jumelles on peut découvrir les plus hautes cimes sur 20 à 30m à l’intérieur.

Tenir compte du relief : si le bois coiffe un mamelon le nid pourra être plus à l’intérieur.

Garder l’esprit ouvert Le nid au sommet de l’arbre correspond au cas général. Il s’en trouve qui sont passés de nid primaire à secondaire en restant en place. Ils seront alors dans votre haie, sous l’appenti, dans les ronces à même le sol parfois. Attention à ne pas marcher le nez en l’air sur un nid en sous-bois dans les ronces (aberrant mais vécu).

Cependant, les piégeages de printemps et d’automne restent fondamentaux afin d’éviter la constitution de nouveaux nids (pièges à guêpes, véto-pharma ou simplement bouteille plastique coupée avec goulot retourné … avec 50% vin blanc, 50% bière et du sirop de fraises, grenadine…)

Nous espérons vous être utiles alors bonne chasse !