La collete des saules : un exemple de biodiversité en milieu urbain à Bourg en Bresse

Dr Patrick PAUBEL, Syndicat des apiculteurs de l’Ain

10 Mars 2022. La météo est au beau fixe depuis quasiment deux mois. Les gelées matinales laissent la place à de belles journées ensoleillées. Les zones exposées au Sud, voient fleurir les premières violettes et primevères.

A Bourg-en-Bresse, c’est l’effervescence au quartier du Bastion ou des milliers d’abeilles ont envahi le talus au soleil et se pressent pour trouver un partenaire.

Ce ne sont pas des abeilles comme les autres, nos célèbres abeilles domestiques, que l’on voit rarement avoir ce comportement au ras du sol. Ce sont des abeilles dites solitaires, qui vivent en bourgades et qui sont parmi les premières à se développer au printemps; elles se nomment la Collète des saules.

Quelques caractéristiques :

Dénomination: Colletes cunicularius

Son nom tout d’abord : elle appartient à la famille des Collétidés, donc bien différente de notre abeille domestique qui est un Apidé. Cunicularius signifie «au comportement de lapin» (Cuniculus est le nom latin du lapin dont l’élevage est la cuniculiculture). Pourquoi lapin? Cet abeille construit un terrier dans le sol à la manière des lapins, laissant les grains de terre déblayés bien visibles en bas de pente. De plus, ces abeilles vivent en village, qu’on appelle bourgades, un peu comme les lapins qui vivent dans des garennes d’où leur nom de lapin de garenne.

Son nom français : Collète des saules parce qu’elle se nourrit exclusivement de nectar et de pollen de saule. On l’appelle aussi Collète des sablières car elle installe ses terriers souvent dans le sable soit d’alluvions soit de carrières. Dans certaines régions, on la nomme tout simplement la Collète lapin.

Biologie

Son terrier: Il est constitué d’une galerie débouchant par une ouverture donnant sur l’extérieur. Les déblais de creusement sont accumulés au dessous.

A bourg, en ce début du mois de Mars 2022, le terrain sec a été favorable au creusement de plusieurs centaines de terriers, dans lesquelles les femelles de ces abeilles vont pouvoir pondre. Mais avant cela, l’accouplement doit avoir lieu.

La reproduction

Lors de l’apparition des mâles, dans un tumulte incroyable, excités par le bourdonnement général qui règne sur l’ensemble du talus, les femelles sortent des terriers. Et la course s’engage, les mâles s’agglutinant en tas de 10 à 50 individus parfois, souvent une dizaine, pour réussir à s’accoupler avec une femelle.

Ces agglomérats de mâles, souvent en des endroits inhabituels en d’autres circonstances, font penser à un tout petit essaim et provoquent parfois des appels téléphoniques chez les apiculteurs, leur demandant la capture de cet essaim qui n’en est pas un !.

Le groupe des abeilles solitaires

Ces abeilles telles que la Collète des saules ont évolué vers un mode de vie assez différent de celui de notre abeille à miel. En effet, elles sont seules à préparer le terrier, à assurer la ponte, mais par contre, elle sont tout de même communautaires, vivant en bourgades, comme nous les humains nous vivons en villages. Elles n’ont pas atteint le niveau de socialisation de l’abeille à miel, ou également des fourmis, qui, elles, ne peuvent plus vivre seules, leur altruisme les condamnant à rester au service de leur colonie, mais qui d’autre part leur confère un avantage sélectif indéniable.

Ces abeilles solitaires, collètes, andrènes, mégachiles, osmies, etc, participent aux cotés des abeilles sociales, comme notre abeille méllifère à l’énorme travail de pollinisation en général, permis par une évolution parallèle avec les plantes à fleurs, et qui est si nécessaire pour nourrir l’humanité.

Quelques photos de cette abeille

 

En vol

A l’entrée des terriers

Elles bourdonnent par centaines

Elles bourdonnent par centaines